Tranche de vie


Tu passes une vie avec quelqu’un
Au début il t’a protégée
T’a nourrie, habillée, mis un toit sur ta tête
T’a disciplinée et tu t’es rebellée
Puis tu as vieillis un peu et compris

Tu sais qu’il t’aime et bien sûr tu l’aimes, aussi
Il n’a jamais rien dit, mais le jour de tes noces
Tu l’as bien senti, le gros nœud dans sa gorge, quand il t’a conduite.

Puis un jour, l’Horrible est venu le menacer, avec sa face de Cancer.

Une fois, le premier round, c’est lui qui l’a remporté.
Deux fois, le deuxième round, on le pensait aussi… mais.

Il est aussitôt revenu à la charge l’Horrible, avec une ruse qui n’a pas pu être esquivée.

Et là, je le regarde se battre pour gagner du temps.

Et je crains le jour où il dira : Assez de ces merdes
qui me rendent malade d’être malade,
Assez.

Ce jour-là… je serai encore plus démunie que qu’aujourd’hui,
Où je fais semblant d’être forte
Mais où la petite fille qui vit toujours en moi
N’a qu’une seule envie,
Celle de crier, de supplier :

Je t’en prie, Papa… Ne pars pas…

Merci, merci, mille millions de mercis à ceux qui ont pris le temps de laisser un commentaire à mon dernier billet. Ça m’a fait chaud au coeur. Merci à ceux qui se sont arrêtés quelques instants pour venir me lire… Merci d’être encore là.

J’ai encore tant de choses à écrire et je ne sais comment m’y prendre ou par où commencer. Un petit récapitulatif de mes mois de silence pourrait être un bon début, non? Alors voici :

Depuis novembre, il y a eu la chimiothérapie de mon père. Six traitement de 46 heures aux deux semaines, puis arrêt de 3 semaines, scan et consultation avec l’oncologue. Il appert que sa tumeur a diminué de plus de 50 %, et il a été décidé de lui donner deux autres rondes de chimio, suivies d’une autre période d’arrêt de trois semaines, un autre scan et ils décideront ensuite s’ils opèrent. Ce sont plutôt des bonnes nouvelles, considérant qu’il s’agit d’une récidive du cancer en question. Mon père a profité de son premier arrêt de 3 semaines pour aller à Cuba avec ma mère et des amis. Et il réagit relativement bien au traitement puisque, chimio ou pas, il va quand même aux bois à chaque occasion qu’il a. Je l’ai longtemps pris pour un ours, mais je me trompais. C’est un boeuf.

Les Fêtes ont été calmes, un peu à cause du paragraphe qui précède. Par contre, j’ai redécouvert le plaisir des réunions de famille élargie, notamment lors des deux visites de ma cousine qui vit aux États-Unis qui ont motivé un souper au resto et une sortie de cabane à sucre, du 70e anniversaire de naissance d’un oncle et du dîner de Pâques chez ma soeur. Dire qu’il n’y a pas qu’aux Fêtes qu’on peut se réunir en famille et s’apprécier, c’est un cliché que tous connaissent. Mais dans cette époque où tout va toujours trop vite, prendre le temps de le faire, c’est comme une rédécouverte à chaque fois.

Rien ne change du côté de la famille. Époux-stouflant poursuit ses études et réussit très bien. Coconut évolue et continue à me remplir de fierté. Il développe ses propres opinions, s’intéresse (juste un peu, mais quand même) à la politique, est toujours amoureux de JolieMimi et réussit bien à l’école. À ce propos, j’aurai probablement quelque chose de bien à annoncer bientôt.

Mon frère, mon champion, tient le coup au lieu de le prendre. Et récemment, il vit des émotions fortes, des chose pas évidentes et il reste debout. Du coup, c’est moi qui suis sur le cul, mais d’admiration.

Maman, qui a toujours juré de ne jamais toucher à un clavier de sa vie (ça mord, ces affaires-là!), s’est mise à Facebook. Et elle adore pouvoir avoir des nouvelles de tout le monde en quelques clics, et elle a trouvé comment on met les accents sur les a et les e, toute seule! Elle aussi, elle m’épate.

Et moi. Moi… Il n’y a pas grand-chose à dire. J’ai eu besoin d’une pause ici pour refaire mes idées, savoir ce que je voulais faire, savoir si j’avais encore des choses à dire… Ma réponse m’a été donnée par Facebook, justement. Si je suis capable de changer mon statut à tous les jours, c’est forcément que j’ai encore des choses à dire. Mais pour l’élaboration, il semble bien que c’est ici que ça se passera. Est-ce que je changerai de formule? Probablement pas. Parce la blogueuse qui écrit ici n’est pas différente de la femme que je vois le matin dans mon miroir, de la mère, de l’épouse, de l’amie, de la collègue. J’aurai donc toujours des coups de gueule, des émotions, des tranches de vie, des anecdotes, des histoires qui me font rire, sourire, pleurer… et l’envie de vous les partager.

En attendant, je vous serre très fort contre mon coeur.

On a repris contact.

Et c’est bien comme ça.

Ben j’écris rien.

Autrement, j’écrirais quoi? Que mon horizon des dernières semaines se limite à mon bureau au sous-sol, à ma chambre, à ma cuisine (pour bouffer), à mon bureau au sous-sol, à ma chambre, à ma cuisine… Le tout interrompu une fois par semaine par une visite à la clinique pour aller chercher /rapporter des cassettes de dictée… Que Coconut et son assortiment de guitares/violon/clavier/ordi pour le mixage font toujours excellent ménage. Qu’Époux-Stoufflant s’est habitué à la vie d’étudiant à temps plein. Que papa a commencé sa chimiothérapie – on attend encore de voir quels effets ça aura sur lui et on espère très fort qu’ils ne seront pas trop ravageurs; jusqu’à maintenant ça se limite à l’obligation de porter des gants pour fouiller dans le frigo parce qu’il est devenu hypersensible au froid.

Ah? J’vous avais pas dit que papa a un cancer? Now you know.

Ouep, c’est ce que je suis, rien de moins!

Mes grands bonheurs de la journée : un message émouvant de mon meilleur ami; plein de voeux sur Facebook de la part de personnes que j’adore; un appel de mon frère à sept heures pile ce matin – il tenait à me réveiller – pour me chanter ses voeux, lui qui ne s’était plus souvenu de mon anniversaire depuis… trop d’années; Maman qui pense m’appeler en route vers les Iles de la Madeleine pour 2 semaines de vacances; ma soeur qui s’amène en plein milieu de l’après midi avec des fleurs et un gâteau chocolat-fromage-caramel-brownies tout ce qu’il y a de plus décadent; un GROS calin de Coconut (ce sont ses meilleurs) et un appel téléph0nique de sa Mimi, juste pour moi; un courriel de ma marraine…

Que de belles pensées, qui m’ont portée sur un nuage de bonne humeur toute la journée.

Je suis gâtée. Et je le reconnais de bonne foi.

Je n’ai pas écrit depuis trop longtemps.

Je manque juste de temps. Étrangement. Pourtant je n’ai plus besoin de sortir pour aller travailler, mais… Au fond, ce n’est pas le temps qui me manque, mais l’organisation de mon temps.

Je ne suis pas morte et je n’ai pas décidé d’arrêter de bloguer. C’est déjà ça de pris!

Retour à l’école pour Coconut – aujourd’hui il est allé chercher son  horaire. Et moi, comme la bonne mère cauchemardesque d’ado que je suis, je lui ai dit (presque pas fort… heu.. ouais.) lorsqu’il est descendu de voiture : « Cocooooo, c’est ton premier jour d’école, tu me fais un bisouuuuuu???? » Sa réponse : « Euh… Bon, à plus tard, okay? » Ça devient une tradition à chaque année. Et j’adore ça. Et lui aussi, car même s’il ne le sait pas, c’est le genre de truc dont il se souviendra avec tendressee quand je ne serai plus là.

Retour aux études, aussi, pour Époux-Stouflant. Il m’a avoué avoir le trac, non pas à cause des études, mais à cause de la baisse de revenus. Ça va aller. On le sait tous les deux. Mais j’aime qu’il me voie encore comme une partenaire à qui il peut le dire.

Depuis mon dernier billet, j’ai cessé de travailler pour l’employeur good on paper. Trop de stress, ambiance de travail glaciale, gens impossibles à amadouer. Je n’ai pas pu m’y faire. Mais dès le lendemain, j’avais l’aval d’une clinique médicale pour être transcriptrice à la pige. Et ils ont de quoi me tenir occupée 8 heures par jour, 5 jours par semaine, aussi longtemps que je le souhaite.  Mon vocabulaire médical me revient comme si je n’avais jamais quitté le milieu de la santé. En plus de mes clients en traduction qui rappliquent. Je n’ai pas à me plaindre, en fin de compte. Tout ce que je souhaite, cette fois, c’est de ne pas avoir à courir après ma paie.

Et vous, ça va?

Impossible à avoir. 

J’ai des conditions de travail avantageuses, du moins si je tough la run (il n’y a jamais rien d’acquis, pour moi) jusqu’en décembre, date à laquelle, en principe, ma période de probation prendra fin. Rien à redire là-dessus; en plus de ce que j’évoquais par là, j’ai découvert que je n’ai pas besoin de me casser la tête pour stationner ma voiture le matin, et j’apprécie l’heure et demie de sommeil supplémentaire par jour que mon horaire me permet d’avoir… It’s a « good on paper » job, no doubt.

Mais je n’ai pas encore décidé si j’étais pour aimer ça ou non. Le volume de travail est immense, il y a tellement de détails à mémoriser pour le traitement de chaque projet… Cette fois, j’ai un défi à la hauteur de mes attentes. Mais je n’aurais jamais pensé qu’il serait si difficile à relever.  Et ici, l’humour qui me sert habituellement à désamorcer toute situation tendue ne me sert à rien.

Je ne jette pas la serviette, toutefois. Je VEUX aimer mon travail, dans son intégrité. J’y arriverai.

Fait totalement inintéressant du jour : une amie qui a une piscine creusée dans sa cour, j’appelle ça une amie avec plus-value, quand la journée est belle comme elle l’a été aujourd’hui.

Et pour ceux que ça intéresse quand même, l’eau était à 74 degrés.

C’est toujours stressant, commencer un boulot. Aussi stressant qu’excitant. Je vais rencontrer plein de nouveau monde, est-ce que je vais réussir à bien m’entendre avec la plupart? Si non, est-ce que j’arriverai à être suffisamment professionnelle pour passer par-dessus au nom d’un travail à faire?  Arriverai-je à assimiler toute la formation intensive qu’on me donnera? Avec celui ou celle qui me formera, est-ce que ça va cliquer? J’espère que oui, sinon, l’apprentissage en sera d’autant plus difficile!!

Bilan : ma formatrice était super gentille, zen à souhait. Le sourire naturel, scotché en quasi-permanence au visage. Celle qui m’a appelée pour m’offrir le poste est venue s’assurer trois fois plutôt qu’une que tout se passait bien. J’ai trouvé ça gentil de sa part. Une réviseure est venue me souhaiter la bienvenue : grosse surprise, j’ai déjà travaillé avec elle, dans une autre vie! Déjà, je me sens moins perdue. Le travail ressemble vraiment beaucoup à ce que j’ai déjà fait ailleurs – et l’apprentissage du fonctionnement du logiciel maison se fait plutôt rapidement. Ça va aller. Ce midi, j’ai mangé seule dans la salle des employés, malgré les 5 personnes qui étaient assises à quelques chaises de moi : une seule m’a adressé la parole, le récit de leur fin de semaine semblait être beaucoup plus important. Mais c’est ben correct pour moi. Je sais de toute manière que je ne retrouverai probablement jamais l’ambiance qu’il y avait chez V.A. inc.

Demain : rencontre avec la CRH, remplissage des papiers nécessaires pour obtenir ce pour quoi je travaille, c’est-à-dire : des sous. Demain je passe de la salle de conférence à mon poste de travail temporaire, pour appliquer en action la formation dont j’ai été gavée aujourd’hui. Note à moi-même, ne pas m’installer trop confortablement, dans deux semaines, je change de cubicule…

Qu’est-ce que ça fait du bien, quand même, de savoir que j’ai une job!!

La fée Bianka avait encore un peu de magie dans sa baguette, cette semaine. Grâce à elle, j’ai eu l’occasion d’aller voir un spectacle tout à fait inusité à l’Agora de la danse, hier soir. Si j’ai été charmée par l’histoire sans paroles (hormis la bande sonore) qu’on nous racontait en première partie, j’ai oublié de comprendre la deuxième partie. Mais l’élément constant, qui m’a soufflée à plusieurs reprises, c’est la fluidité des mouvements des danseurs, tant dans leur quasi-symbiose que dans les tableaux où ils dansaient séparés les uns des autres.

J’avais de nouveau offert à Coconut de m’accompagner. « Bof, moi, tsé, la danse… » fut sa réponse.  « Pourquoi tu n’emmènerais pas Mimi? La danse, c’est sa passion! »  J’ai trouvé l’idée excellente : d’une part je passerais ainsi du temps privilégié avec la petite amie de mon fils et d’autre part je lui ferais plaisir : elle adore la danse, les spectacles et Montréal.  Un point partout.

Pour ma part, ce fut une super soirée. J’ai aimé la représentation, j’ai pu constater qu’il est très facile de s’entendre avec Mimi-la-jolie-à-Coconut et de l’aimer, et en plus j’ai eu le plaisir de recroiser Pierre-Yves et de faire (enfin!) la connaissance d’une très jolie Noisette et de son meilleur ami, le Médiateur farceur.

Et Mimi, a-t-elle aimé?  Je lui ai demandé de l’exprimer d’elle-même :

Mercredi dernier, j’ai été voir un spectacle de danse contemporaine à l’Agora de la Danse de Montréal. Il était chorégraphié et dansé par Crystal Pite et cinq autres danseurs.

La première partie se déroulait sur une petite scène et était très théâtrale.  Tellement, qu’on se demandait si nous étions en train d’assister à une comédie musicale, plutôt qu’à un spectacle de danse. L’histoire était celle d’un inventeur qui avait créé une marionnette de forme humaine et lui avait donné vie, un peu comme Pinocchio. La marionnette était contrôlée par cinq danseurs (que je nommerai «ombres») qui contrôlaient chacune des parties de son corps. L’agilité avec laquelle la marionnette se déplaçait sur scène était telle qu’on en oubliait ceux qui l’agitaient. Déjà les jeux de lumière, ainsi que le jeu des danseurs avaient de quoi impressionner. Durant cette partie, l’une des «ombres» semblait s’être éprise de la marionnette et de son créateur, ou plutôt de l’être humain.

Par contre, la deuxième partie se déroule sur une scène beaucoup plus vaste. Ici, on abandonne un peu le côté théâtral pour faire place à la danse et à l’abstrait. Pendant cette partie, l’«ombre» semble observer l’être humain sous tous ces aspects : ses sentiments, en passant du plus banal au plus intense, ainsi que le langage que son corps exprime. Et pour ce qui est du langage du corps, je peux vous assurer que ces danseurs savent l’exprimer avec plus d’adresse que quiconque. Avec leurs mouvements, passant du saccadé à la grâce, de la violence à la légèreté, ils réussissent à exprimer des sentiments impossibles à décrire avec des mots. À certains moments, on n’arrive même plus à comprendre comment les mouvements sont exécutés, et on en vient à penser que les danseurs n’ont plus d’articulations pour réussir de telles positions. Mais le plus fascinant dans tout cela, c’est qu’ils ne dansent jamais ou presque pas sur de la musique comme on la connaît habituellement. Le rythme, ils le trouvent dans des sons tels que : le bruit de la vitre qui se brise ou celui du papier qu’on chiffonne. Ils nous prouvent ainsi que chaque son que l’on peut entendre contient sa musique et son rythme propre. Parfois, ils dansent même sans aucun son, comme si l’air lui-même avait son rythme. À certain moment, l’«ombre» va se joindre aux danseurs comme si elle voulait essayer d’être et de faire comme eux. À la fin, elle devient ce qui la fascine tant, un être humain. L’inventeur va alors la rejoindre et semble lui enseigner comment  bouger avec son corps, et en même temps, il lui montre différents aspects de la vie tels que l’amour ou la mort. Ce dernier duo est d’une beauté incomparable, dansé sur une musique plus calme et plus légère.

 Bref, vous devinez sans doute que j’ai adoré le spectacle. Je le conseille à tous ceux qui sauront apprécier une telle œuvre.

 Myriam

NDLB : le texte de Mimi, je l’ai publié tel que je l’ai reçu. Aucune correction ni modification n’a été apportée. Pas mal du tout, pour une étudiante de secondaire III, non?

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